• Où acheter des vêtements ?

     

    Où vous voulez !

    Une erreur très fréquente des personnes transgenre, surtout de celles qui ne sortent pas encore en public, est de s'imaginer qu'elles seront regardées de travers ou huées par les commerçants ou les autres clients si elles vont acheter des vêtements qui ne correspondent pas à leur identité apparente (quand une transgenre homme-vers-femme va acheter 'en homme' des vêtements de femme pour elle-même). Cette forme de culpabilité nourrit d'ailleurs toute une branche de vendeurs par correspondance (notamment sur Internet) soi-disant 'spécialisés travestis' et 'discrets', qui profitent de votre honte pour vendre 3-5 fois trop cher des vêtements de qualité souvent médiocre et qu'on pourrait d'habitude très bien trouver (et surtout essayer !) dans des magasins tout à fait ordinaires.

    Tenez-le vous pour dit : aucun commerçant connaissant son métier ne vous mettra à la porte ou vous recevra mal aussi longtemps qu'il espérera vous vendre quelque chose. Et il n'y a aucun mal à essayer des vêtements de femme à votre taille, même si vous vous présentez habillé(e) 'en homme'. Essayez, demandez conseil, faites-vous aider, soyez un(e) client(e) tout à fait ordinaire, et si vraiment le commerçant devait être de mauvaise grâce, partez en claquant la porte et en lui faisant comprendre à haute voix que son concurrent d'en face saura sûrement mieux apprécier que lui la valeur de vos billets de banque. Il l'aura mérité.

     


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    J'ai peur de la police quand je sors en femme. Ce n'est pas interdit de se travestir ?

    Vieille légende qui a la vie très dure ....

    Non ! Se travestir est parfaitement légal. Les codes vestimentaires ne sont qu'une coutume et n'ont heureusement pas force de loi.

    En fait, la police est surtout là pour nous protéger des petits voyous, pas pour nous embêter. Les policiers ne sont pas moins tolérants que le reste de la population, et, qui plus est, ce sont des professionnels qui doivent s'en tenir à la stricte application de la loi. Voir des policiers ou des gendarmes qui patrouillent dans les parages est souvent très rassurant les premières fois qu'on sort, surtout quand on manque encore d'assurance et qu'on craint de se faire huer par les passants.

    Mais d'où vient donc cette légende qui prétend qu'en France il est interdit de se travestir ? Il y a des lustres (en 1907, exactement), un arrêté pris par le préfet de police de Paris interdisait (excepté le jour de Mardi-Gras; amusant, n'est-ce pas ? ....) le travestissement dans le département de la Seine. Il s'agit de l'arrêté Lépine (oui, le même Lépine qui a créé le fameux concours), et il ne s'appliquait bien entendu qu'à un seul département, pas à la France entière. En outre, le département de la Seine n'existe plus depuis belle lurette, et ce texte va complètement à contre-courant des lois actuellement en vigueur, qui instaurent une égalité entre les sexes, ainsi que du Nouveau Code Pénal, entré en vigueur en 1994. Aucun policier ni magistrat ne peut donc plus l'invoquer sans risquer de voir sa procédure démolie en quelques secondes par le premier avocat venu, et c'est pour cela que cet arrêté est totalement obsolète et n'a plus qu'une existence théorique de nos jours (à notre connaissance, cet arrêté a servi de prétexte pour la dernière fois dans les années 70 lors de rafles dans le milieu des prostituées transsexuées parisiennes; déjà à l'époque il s'agissait d'un abus juridiquement indéfendable). D'ailleurs, si jamais il devait vous arriver la chose hautement improbable qu'une policière en tenue fasse valoir cet arrêté devant vous, n'hésitez pas à invoquer le vice de forme, car cet arrêté interdisait aussi le port du pantalon aux femmes...

    [note des rédactrices : ce ne sont pas des paroles en l'air, nous ne vous racontons pas d'histoires. Nous n'avons à ce jour jamais eu le moindre problème avec les forces de l'ordre, et nos connaissances transgenre non plus, les policiers et gendarmes se sont même révélés d'une politesse et correction parfaites envers nous. Alexandra s'est ex. récemment présentée à la gendarmerie en jupe, talons et maquillage pour une question de papiers militaires (eh oui, on n'y coupe pas non plus, nous ....), et les gendarmes ont été plus que courtois à son égard.]

     


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  • Va-t-on me huer ou tabasser dans la rue ?

     

    Huer ?

    Probablement oui, ça risque d'arriver de temps à autre, mais pas plus qu'à beaucoup de femmes, ou à n'importe qui qui attire un peu l'attention. Les imbéciles vociférants sont une minorité parmi les passants, mais c'est celle qu'on entend le plus. Se faire insulter dans la rue peut être très blessant, surtout au début, mais en prenant de l'assurance et en comprenant que ces insultes ne viennent que d'une poignée d'individus méprisables, on finit vite par les ignorer, voire par en rire. On finit aussi par comprendre qu'en immense majorité, les gens se fichent totalement de nous, et c'est très bien comme ça.

    Tabasser ?

    Le risque existe, bien sûr, comme pour beaucoup de gens, mais il est très faible et on peut le réduire. Le problème des personnes transgenre est qu'elles attirent l'attention, donc aussi l'attention des 'p'tits cons'.

    Conseils pour éviter les problèmes :

    - Dans la mesure du possible, évitez de sortir seul(e) (surtout au début), et évitez de faire du shopping les mercredi (les troupeaux de scolaires sont en vadrouille) et les samedi après-midi (les 'beaufs des cités' sortent en bande pour lécher les vitrines).

    - Evitez de sortir dans des tenues trop voyantes ou provocantes (ce qui est d'ailleurs un problème typique des débutant(e)s, qui n'ont souvent pas grand-chose d'autre à mettre; faites-vous conseiller par des consoeurs ou confrères plus expérimenté(e)s, et sortez avec elles/eux). Habillez-vous sobrement, comme la plupart des gens.

    - Evitez les endroits louches (quartiers 'zone', ruelles sombres, bars mal famés ....) et les mauvaises heures (un dimanche matin à 4 h, il n'y a guère plus dans la rue que des bandes de copains imbibés qui sortent des discothèques ou des bars; les ennuis sont garantis si vous les croisez). Ne sortez qu'avec un minimum d'affaires et d'argent sur vous, ou bien cachez le reste de vos affaires dans votre voiture (avant de vous garer, bien entendu : si un voleur ou agresseur potentiel vous observe farfouiller pendant 5 minutes sous les sièges ou dans la boîte à gants de votre voiture dès que vous venez de vous garer, il saura où chercher vos sous et votre carte bancaire ....).

    - Adoptez une attitude non agressive mais sûre de vous. Marchez avec assurance, levez la tête, ne vous cachez pas. N'ayez pas l'air d'une victime, ça attire infailliblement la racaille. En cas d'altercation, évitez le conflit autant que possible. Le mieux est en général de ne pas réagir du tout.

    - Ne comptez pas sur les autres passants pour prendre votre défense en cas d'agression, la plupart resteront de marbre ou s'en iront au plus vite. En revanche, n'hésitez pas à faire appel aux agents de police ou aux gendarmes qui sont là pour vous protéger et qui sont en général très compréhensifs.

     


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  •  

    Dois-je le dire aux autres (mon/ma partenaire, mes enfants, mes amis, mes parents, mon employeur) ? Si oui, comment ?

     

    Oui, mais dans le bon ordre et en douceur.

    A terme, il faudra le faire, si votre besoin de vivre dans le 'sexe opposé' représente plus qu'un loisir occasionnel (et même dans ce dernier cas, nous vous recommandons d'être franc(he) avec les autres, c'est une question de respect envers eux et envers vous-même). Vivre dans le secret est aussi difficile que pesant. Lisez le chapitre 'Dois-je continuer à me cacher ?'.

    Il ne s'agit pas pour autant de combattre sur tous les fronts simultanément :

     

    Mon/ma partenaire ?

     

    C'est sans conteste la première personne à informer. On ne peut pas bâtir son couple sur le mensonge.

     

    Mes enfants ?

     

    Oui, obligatoirement, tout de suite après avoir informé votre partenaire. Si vos enfants sont prépubères, ils n'auront en général pas de problème à vous accepter, aussi longtemps que vous leur montrez que vous les aimez toujours pareil et que vous ne faites rien pour les culpabiliser (surtout pas de reproches du genre "c'est à cause de vous que je me cache depuis 10 ans et que j'en souffre", un enfant ne saura pas comprendre ça et en souffrira très fort !) : nous connaissons beaucoup de cas où le coming-out envers les enfants s'est passé en quelques secondes, comme une lettre à la poste, et où les enfants sont même fiers d'avoir 'un papa (ou une maman) pas comme les autres'. Si vos enfants ont l'âge de la puberté, cela peut être plus problématique, car ils sont en train de se chercher eux-mêmes, ont tendance à contester l'autorité parentale et sont relativement instables. Là aussi, il s'agit d'être clair(e) et ouvert(e) et surtout de leur montrer que ce n'est pas un 'nouveau petit hobby égoïste' que vous leur révélez, mais qu'il s'agit bien de votre vraie personnalité et que vous êtes toujours là pour eux, que ce soit en tant que père ou en tant que mère. Enfin, si vos enfants sont d'âge adulte, tout dépend de leur situation : s'ils ne sont pas encore stabilisés socialement (p.ex. étudiants), votre révélation peut être difficile à supporter pour eux, pour les mêmes raison que lors de la puberté. S'ils sont déjà socialement stables (emploi fixe, famille, enfants ....), ça se passe en général mieux. En résumé : tout dépend de la situation particulière, mais plus vos enfants sont proches de vous, mieux ça se passera en général. En tout cas, révélez-vous impérativement à vos enfants, vous le leur devez. Si vous les 'trompez' sur votre vraie personnalité, vous risquez une rupture sérieuse et définitive, tout comme avec votre partenaire.

     

    Mes amis ?

     

    Sans hésitation, oui. Vos vrais amis vous accepteront tel(le) que vous êtes et seront là pour vous soutenir dans cette période délicate de votre vie. Quant aux autres, bon débarras, ce n'étaient pas de vrais amis. Mieux vaut avoir un(e) vrai(e) ami(e) que cent faux/sses. Se révéler à ses amis est aussi un excellent entraînement pour des coming-out futurs avec ses parents ou ses collègues.

     

    Mes parents ?

     

    Tout dépend de la relation que vous entretenez avec eux. S'ils ont 90 ans, sont cardiaques, dépressifs, et ne vous voient qu'une fois par an, le jeu n'en vaut peut-être pas la chandelle. Si vous êtes proche d'eux, en revanche, il sera de plus en plus difficile de continuer à leur mentir. Beaucoup de personnes transgenre ont des relations très difficiles avec leurs parents, soit parce que ceux-ci ont réprimé toute velléité transgenre dans leur enfant, soit parce que l'enfant n'a jamais osé se révéler à eux et s'est donc enfermé dans une coque hermétique. Dans le premier cas, une rupture définitive avec vos parents est probable dès l'instant où vous leur faites comprendre que dorénavant vous comptez vivre votre vie transgenre envers et contre tous, mais cette rupture sera probablement salutaire, autant pour eux que pour vous. Dans le deuxième cas, révéler votre transidentité à vos parents sera l'occasion de tirer beaucoup de choses au clair et une chance d'assainir vos relations. Dans tous les cas, nous vous recommandons l'honnêteté envers vos parents et envers vous-même.

     

    Mon employeur ?

     

    En principe oui, mais attention ! Tout dépend de l'environnement dans lequel vous travaillez (macho ? décontracté ? réac' ? etc.) et du caractère plus ou moins vital, pour vous, de passer 'dans l'autre camp' aussi au boulot. Si vous ne ressentez aucun besoin de vivre votre transidentité aussi sur le lieu de travail, abstenez-vous de la révéler à vos collègues et à votre employeur : votre transidentité restera privée, c'est tout. Or, beaucoup de personnes transgenre, surtout les transsexué(e)s, ne supportent pas de vivre une double vie et ont besoin de vivre leur véritable identité 'full time', 24 heures sur 24. Dans ce cas, une transition vers votre 'nouvelle' vie devient vite indispensable au travail aussi.

    Mais attention : sans travail, pas d'argent. Et sans argent, plus de transition vers votre nouvelle vie, plus de vêtements, plus d'hormones, et plus de vie sociale tout court (oui, la société humaine est mal faite, malheureusement). Si vous le pouvez, le mieux est de faire des compromis. Si vous avez besoin de vivre dans 'l'autre sexe' en permanence, attendez que tous les autres points soient réglés avant d'envisager un coming-out au travail :

    Situation claire avec le/la partenaire, la famille, les amis.

    Assurance suffisante acquise par plusieurs mois de vie dans 'l'autre sexe' de façon permanente et publique dans votre vie privée.

    Etat psychique satisfaisant, à savoir ne pas être en pleine période de dépression ou de dysphorie pour le faire.

    Ne pas laisser se dégrader la qualité du travail que vous faites (car là, vous fournissez à votre employeur une excuse toute trouvée pour vous licencier pour faute professionnelle).

    Si vous faites les choses bien, en préparant le terrain (mettez d'abord vos collègues au courant, un à un, pour désamorcer l'argument classique des employeurs qui est "ça va troubler vos collègues et dégrader l'ambiance au travail"), et si votre employeur est intelligent, tout devrait bien se passer. Beaucoup d'employeurs se fichent de ce qui relève de votre vie privée, et même publique, du moment que vous continuez à leur rapporter de l'argent en faisant votre travail correctement.

     


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  • *Vais-je perdre mon travail ?¤

     

    D'après la loi, non.

     

    La loi vous protège :

     

    L'article L122-45 du Code du Travail (partie législative) interdit les licenciements ou discriminations en raison du sexe, des moeurs ou de l'orientation sexuelle.

     

    L'article L225-1 du Code Pénal (partie législative) interdit ces mêmes discriminations.

     

    La directive 76/207/CEE du Conseil de l'Europe, du 9 février 1976, traite de l'égalité entre hommes et femmes, et s'étend aux personnes transgenre.

     

    Dans les faits, attention.

     

    Il existe 100 façons de licencier quelqu'un pour des motifs fantaisistes, et 1000 façons de vous rendre la vie impossible au travail (le fameux harcèlement, appelé 'mobbing' en anglais).

     

    Moralité : attendez le moment adéquat avant de vous révéler à votre travail, et ne le faites que si c'est vraiment nécessaire à votre bien-être. Pensez aussi à tâter et préparer le terrain quelques mois à l'avance, de façon à assurer un coming-out qui se passe le mieux possible.

     


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