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Par zephylyne le 20 Janvier 2017 à 22:16
Coup de pouce de l’onu à une future loi contre l’homophobie
Un rapport des Nations unies appelle la Suisse à inscrire la discrimination contre les LGBT dans son Code pénal. Le sujet doit justement être débattu au Parlement le mois prochain.
Le Comité des droits de l’enfant des Nations unies a adressé ses recommandations à la Suisse cette semaine. Son rapport invite la Confédération à faire davantage pour renforcer la tolérance et le respect mutuel, notamment «à adopter une législation complète contre la discrimination fondée sur l’orientation sexuelle et l’identité de genre» et de les inclure dans l’article 261bis du Code pénal, consacré à la lutte contre le racisme. En 2012, le Conseil des droits de l’homme de l’ONU avait déjà adressé des remontrances à Berne pour son absence de législation contre l’homophobie et la transphobie.
Impunité
Le rapport des Nations unies apporte de l’eau au moulin du conseiller national Mathias Reynard dont l’initiative parlementaire va dans le même sens. Déposée en mars 2013, elle sera soumise au vote du Parlement le mois prochain. «Il est inacceptable que les déclarations homophobes restent impunies», rappelle le socialiste valaisan à la «NZZ am Sonntag». Son texte devrait bénéficier du soutien du PS et des Verts, ainsi que du PDC, du BDP, des Vert’libéraux et d’une partie du PLR, estime le journal dominical. L’UDC genevois Yves Nidegger compte s’y opposer sur le plan juridique. La norme antiraciste traite de la discrimination sur la race, l’ethnie ou la religion. Placer l’homosexualité au même niveau, serait selon lui «absurde et contre-productif» pour les personnes concernées, même si c’est ce que souhaite l’ONU.
A noter que le Grand Conseil du Canton de Genève a également déposé à Berne une initiative contre les discriminations basées sur l’orientation sexuelle et l’identité de genre, qui sera également soumis au vote de la Chambre basse.
source:dialogai.org
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Par zephylyne le 20 Janvier 2017 à 22:12
Homosexualité, transsexualité: nous sommes partout
TRIBUNE
L’homosexualité est un sniper silencieux qui colle une balle dans le cœur des enfants des cours de récréation, il vise sans chercher à savoir s’ils sont gosses de bobos, d’agnostiques ou de catholiques intégristes. Sa main ne tremble pas, ni dans les collèges du VIe arrondissement, ni dans les zones d’éducation prioritaires. Il tire avec la même précision dans les rues de Chicago, les villages d’Italie ou les banlieues de Johannesburg. L’homosexualité est un sniper aveugle comme l’amour, éclatant comme un rire et aussi tendre qu’un chien. Et s’il se lasse de prendre des enfants pour cible, il tire une rafale de balles perdues qui vont se loger dans le cœur d’une agricultrice, d’un chauffeur de taxi, d’un chanteur hip-hop, d’une factrice pendant sa tournée… la dernière balle a atteint une femme de 80 ans pendant son sommeil.
La transsexualité est un sniper silencieux qui colle une balle dans la poitrine d’enfants plantés devant un miroir ou qui comptent leurs pas sur le chemin de l’école. Il ne se préoccupe pas de savoir s’ils sont nés d’une insémination artificielle ou d’un coït catholique. Il ne se demande pas s’ils viennent de familles monoparentales ou si papa portait du bleu et maman s’habillait de rose. Il ne tremble ni du froid de Sotchi ni de la chaleur de Carthagène. Il ouvre le feu aussi bien sur Israël que sur la Palestine. La transsexualité est un sniper aveugle comme le rire, éclatant comme l’amour, aussi tendre et tolérant que le sont les chiennes. De temps en temps, il tire, sur une professeure en province ou sur un père de famille, et boum.
Pour ceux qui ont le courage de regarder la blessure en face, la balle devient la clé d’un monde dont ils n’avaient jamais rien vu auparavant. Les rideaux s’ouvrent, la matrice se décompose. Mais parmi ceux qui portent la balle dans la poitrine, quelques-uns décident de vivre comme s’ils ne sentaient rien.
D’autres compensent le poids de la balle en faisant de grands gestes de Don Juan ou de princesse. Des médecins et des Eglises promettent d’extirper la balle. On dit qu’en Equateur une nouvelle clinique évangéliste ouvre chaque jour, pour ré éduquer les homosexuels et les transsexuels. Les foudres de la foi deviennent des décharges électriques. Mais nul n’a jamais su comment extirper la balle. Ni les mormons ni les castristes. On peut l’enfouir plus profondément dans sa poitrine, mais on ne peut jamais l’extirper. Ta balle est un ange gardien : elle sera toujours à tes côtés.
J’avais 3 ans quand pour la première fois j’ai senti le poids de la balle. J’ai su que je la portais en entendant mon père traiter de sales gouines dégueulasses deux filles étrangères qui marchaient en se donnant la main dans la rue. Ma poitrine s’est mise à brûler. Cette nuit-là, sans savoir pourquoi, j’ai imaginé pour la première fois que je m’échappais de ma ville et que je partais dans un autre pays. Les jours qui suivirent furent des jours de peur, et de honte.
Il n’est pas difficile d’imaginer que parmi les adultes qui participent aux manifestations de la colère certains portent, enkystés dans leur plexus, une balle ardente. Par simple déduction statistique, et connaissant la virtuosité des snipers, je sais que certains de leurs enfants portent déjà la balle au cœur. J’ignore combien ils sont, quel est leur âge, mais je sais que certains d’entre eux ont la poitrine qui brûle.
Ils portent des banderoles qu’on a mises entre les mains, qui disent «ne touchez pas à nos stéréotypes». Mais ils savent qu’ils ne pourront jamais être à la hauteur de ces stéréotypes. Leurs parents hurlent que les groupes LGBT ne doivent jamais entrer dans les collèges, mais ces enfants savent que ce sont eux, les porteurs de la balle LGBT. La nuit, comme quand j’étais enfant, ils vont au lit avec la honte d’être les seuls à savoir qu’ils sont la déconvenue de leurs parents, ils vont se coucher avec la peur de ce que leurs parents les abandonnent s’ils apprennent, ou préfèrent encore qu’ils meurent. Et ils rêvent peut-être, comme moi avant eux, qu’ils s’enfuient dans un pays étranger, dans lequel les enfants qui portent la balle sont les bienvenus. Et je voudrais dire à ces enfants : la vie est merveilleuse, nous vous attendons, ici, nous sommes nombreux, nous sommes tous tombés sous la rafale, nous sommes les amants aux poitrines ouvertes. Vous n’êtes pas seuls.
Beatriz Preciado est philosophe, directrice du Programme d’études indépendantes musée d’Art contemporain de Barcelone (Macba).
Cette chronique est assurée en alternance par Sandra Laugier, Michaël Fœssel, Beatriz Preciado et Frédéric Worms.
Paul B. PRECIADO philosophe, directrice du Programme d'études indépendantes musée d'Art contemporain de Barcelone (Macba)
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