• Je veux avoir des seins, comment faire ?

     

    Si nous étions cyniques, nous dirions : 'Prenez des hormones, vous aurez des (petits) seins au bout de quelques mois ou d'un an.' Mais comme nous sommes réalistes, nous disons : 'Achetez une bonne paire de prothèses mammaires.'

    On ne prend pas des hormones 'pour avoir des seins'.

    On en prend parce qu'on a arrêté de se cacher, que l'on assume sa féminité, qu'on la vit au quotidien, et que l'on a acquis au fil des mois vécus 'en femme' la certitude que certains traits physiques sont intolérables et ne peuvent être modifiés qu'à l'aide d'hormones.

    Prendre des hormones est un choix très grave qui vous engage à vie et qui doit être parfaitement réfléchi. Se lancer dans cette voie tête baissée est une pure folie, surtout s'il ne s'agit que de satisfaire vos fantasmes, du genre 'je veux avoir des seins'.

    Une solution plus saine et surtout réversible consiste à porter des prothèses amovibles, parfaitement crédibles au toucher et en mouvement sous des vêtements. On en trouve dans certaines boutiques de lingerie, certains magasins médicaux (prothèses destinées au remplacement après un cancer du sein), ou bien par correspondance sur catalogue, pour moins de 30 euros pour des modèles petits et bas de gamme, et environ 180 à 230 euros pour des prothèses de qualité médicale, très réalistes. Evitez d'acheter des prothèses chères par correspondance (notamment sur Internet) : il faut impérativement pouvoir les voir et toucher, et un magasin spécialisé sérieux vos commandera la taille adaptée à votre thorax. Les prothèses qu'on trouve sur Internet sont d'ailleurs en général vendues nettement trop cher.

     


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  • Je veux des seins tout de suite, comment faire ?

     

    Voir article ci-dessus.

     

    Ce à quoi nous ajouterons qu'une belle poitrine ne se fait pas du jour au lendemain, ni dans les 3 mois. Comptez plutôt 2 à 3 ans. Chez les femmes cisgenre (les 'vraies' femmes), l'évolution physique due aux hormones prend entre 5 et 7 ans à se compléter, chez les femmes transgenre c'est pareil.

     


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  • J'ai peur de sortir de mon 'placard'

     

    Et vous n'êtes pas le/la seul(e). Nous connaissons très peu de personnes transgenre qui n'ont pas eu la frousse la première fois qu'elles se sont montrées au grand jour, et aucune d'entre elles n'en menait large, nous-mêmes incluses.

    Mais il faut surmonter cette peur, pour deux raisons : pour vous, et pour les autres.

    Pour vous, car si vous restez caché(e) à vie, vous vous rendrez malade à force de vous faire des reproches. Vous n'aurez peur que les toutes premières fois que vous sortirez (souvent, cette peur s'estompe d'ailleurs presque instantanément dès vos premiers pas publics). Elle disparaît vite en comprenant que s'afficher tel(le) qu'on le veut est un droit, et que cela ne fait de mal à personne. Hormis quelques imbéciles qui n'oseront en général de toutes façons pas vous dire en face ce qu'ils pensent, la plupart des gens n'auront absolument aucun problème avec vous. Vous cacher, en revanche, alimentera en vous des sentiments de culpabilité qui vous rongeront immanquablement, et qui par là amplifieront votre malaise jusqu'à vous en rendre malade.

    Pour les autres, car vous montrer aux autres tel(le) que vous êtes est également un acte important pour la société : les gens ont peur de l'inconnu, pas de ce qu'ils connaissent (pourquoi croyez-vous que dans toutes les sociétés humaines, les boucs émissaires collectifs soient systématiquement des minorités mal connues par la majorité ?). Or, comment voulez-vous que les gens dits 'normaux' comprennent qui sont les personnes transgenre si nous restons tous et toutes cloîtré(e)s chez nous ? Faites l'essai, vous constaterez : allez à un endroit public pour la première fois habillé(e) comme ça vous chante (donc, travesti(e)) : surprise générale, chuchotements, tout le monde vous regarde, vous alimentez la conversation de la galerie .... (restez calme, personne ne vous fera de mal pour autant !). Retournez plusieurs fois au même endroit : à chaque fois, vous serez moins remarqué(e) et moins commenté(e), vous finirez par devenir 'normal(e)' pour les autres personnes fréquentant cet endroit. Souvent, vous constaterez même que les gens commenceront à s'intéresser à vous, saisissant la chance de parler de vive voix à un type de personne dont ils ne connaissaient l'existence que par les media : c'est très bien, ils viennent de comprendre que vous n'êtes pas un phénomène de foire ou une bête curieuse, mais une personne comme toutes les autres. C'est exactement de cette façon-là que fonctionnent les mécanismes d'apprentissage de la société humaine, et nous pensons qu'il est important pour toutes les minorités sociales, et notamment pour les personnes transgenre, d'utiliser ce mécanisme à leur avantage (qui est aussi l'avantage de la société, en fin de compte). Ce n'est pas la société qui viendra vers vous pour vous sortir de votre placard et vous intégrer en son sein, c'est à vous de faire ce pas en premier et de provoquer votre acceptation par les autres.

    Sortir est donc très important pour les personnes transgenre car c'est le seul moyen de passer outre votre culpabilité et de vous assumer. Et si ça vous fait un peu peur la première fois, consolez-vous : vous passerez probablement l'un des plus mémorables jours de votre vie, qui vous en apprendra plus sur qui vous êtes que toutes les années passées dans le secret.

    L'idéal pour la première fois est de sortir avec de 'grandes soeurs' (ou 'grands frères'), p.ex. des copains/copines transgenre rencontré(e)s dans un groupe de support, avec qui on se sent en confiance. Une soirée, p.ex. au restaurant, où l'on est 'entre nous' est toujours moins intimidante. On prend alors vite de l'assurance, et se montrer au grand jour partout tel(le) que l'on est n'est bientôt plus un problème.


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  • Dois-je continuer à me cacher ?

     

    Non. Cette 'solution' n'est pas viable à moyen ou long terme, pour deux principales raisons :

     

    - Dire la vérité, ça fait moins de choses à retenir et plus d'énergie disponible pour vivre. Se cacher demande une attention permanente au quotidien, des soucis, des mensonges aux personnes qu'on aime, la peur de se faire prendre, etc. Cela fait beaucoup d'énergie dépensée à freiner au lieu d'avancer, et votre échafaudage de mensonges s'écroulera un jour en faisant d'autant plus de dégâts, autant sur vous que sur vos proches, que vous y aurez investi de temps et d'énergie. Vivez votre vie au lieu de la cacher.

     

    - En se cachant, on ne s'assume pas et on entretient son sentiment de culpabilité. Sortir permet au contraire de le combattre et de comprendre qu'on ne fait rien de mal.


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  • Je ne sais pas m'habiller/me maquiller, que vont dire les gens, vais-je 'passer' ?

     

    Honnêtement, non, vous ne ferez probablement pas illusion. Les premières fois en public, on 'passe' très rarement pour ce qu'on voudrait être, pour plusieurs raisons : on a souvent tendance à en faire trop (pas étonnant quand on a passé des années à s'habiller uniquement à la maison, où personne ne nous freine ....), on ne s'habille pas de façon 'naturelle' (même remarque), et surtout, on est un peu mal à l'aise et ça se voit. Tout cela s'apprend, et gagner en assurance dans sa 'nouvelle peau' est une chose qui vient avec le temps et les sorties. Mais ce n'est absolument pas une raison pour se décourager : essayez de vous comporter de façon naturelle, comme si votre sortie était la chose la plus normale du monde (et en fait, elle l'est !) et surtout ne rasez pas les murs comme un(e) voleur/se ! Si vous vous répétez "je veux être parfait(e) avant de sortir", vous ne sortirez jamais (et d'ailleurs, rien n'est plus relatif que la notion de 'perfection' ....). Allez-y au culot, c'est la seule façon d'y arriver.

    Non seulement, on apprend en s'exerçant, mais en plus, le 'passing' (le fait de passer aux yeux des autres pour 'l'autre sexe') n'est pas un but en soi. L'intérêt de sortir est avant tout de se sentir bien et d'apprendre à s'assumer. Le passing y participe, c'est certain, mais la disparition du sentiment de culpabilité y contribue bien plus.

    [note de Zéphylyne : par ailleurs, un 'bon' passing est quelque chose de quasi indéfinissable, et qui dépend énormément des gens et des circonstances. Il m'est souvent arrivé de sortir bien maquillée, épilée et tirée à quatre épingles et d'être appelée 'monsieur' tout au long de la journée, alors qu'un autre jour, je faisais des courses en tenue de travail (vieux jean, parka militaire et tennis pas fraîches) avec une barbe de deux jours en plus (eh oui, pas trop le choix avant une séance imminente d'épilation au laser), et on m'appelait systématiquement 'madame', à ma grande surprise. J'en ai à ce jour tiré la conclusion que ce sont les premières fractions de secondes de perception qui décident de l'étiquette que les gens vont vous coller inconsciemment : tel ou tel signe leur dit que vous êtes un 'monsieur' ou une 'madame', et par la suite ils s'y tiennent en général dur comme fer, même s'ils se rendent compte de leur 'erreur'. Ces signes sont extrêmement variés et complexes, et votre tenue vestimentaire ainsi que votre maquillage ne représentent qu'une toute petite partie de tout cela : vos gestes, vos mouvements, votre voix, votre phrasé (votre façon de parler), et plein d'autres choses inconscientes, tout en vous participe à créer des 'indices' qui signifient aux autres ce que vous êtes. Bien sûr, on peut s'amuser à jouer sur ces signes et indices (ce qui est un art très difficile d'ailleurs; demandez à un acteur qui a joué des rôles 'travestis'), mais personnellement, je préfère en général être naturelle, que ça 'passe' ou non : je suis comme je suis, c'est à prendre ou à laisser.]

    Ce que vont dire les gens ? Ouvertement, rien ou presque. Derrière votre dos, peut-être vont-ils commenter. Mais quelle importance ? C'est de votre vie qu'il s'agit, pas de celle des autres, donc quelle importance peut avoir leur opinion ? D'ailleurs, ils ne se soucient sûrement pas de la façon dont vous les voyez, alors pourquoi vous soucier de la façon dont eux vous voient ?

    Conseil : s'il vous arrive d'essuyer des remarques plus ou moins déplaisantes (qui sont très souvent le fait d'une petite bande d'adolescents pubertaires à la recherche de leur propre identité, menée par un des leurs qui a la gueule plus grande que les autres), soit ignorez-les (en général c'est la meilleure solution), soit répondez avec humour (si vous en avez le temps et l'envie) : dans le premier cas, ils se lasseront très vite, dans le deuxième cas, ils vous trouveront sympa tout en comprenant que vous ne vous laissez pas marcher sur les pieds, ce qui désamorcera la situation. Lisez aussi l'article 'Va-t-on me huer ou tabasser dans la rue ?'.

     


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