• J'aime me travestir, suis-je homosexuel(le) ?

     

    Pas nécessairement, c'est même plutôt rare.

    On peut se travestir par fétichisme (recherche d'une excitation sexuelle, en général causée par certains habits ou objets), et/ou pour exprimer une facette de sa personnalité, mais dans les deux cas, cela n'a rien à voir avec le fait de préférer sexuellement les hommes ou les femmes (ce qu'on appelle l'orientation sexuelle).

    La plupart des travesti(e)s utilisent le travestissement pour satisfaire leurs fantasmes (qui ne sont pas forcément sexuels, d'ailleurs), la plupart des personnes transsexuées (transsexuelles, comme on dit aussi faussement) utilisent le travestissement pour se sentir elles-mêmes, donc pour vivre leur véritable identité, ce qui dans les deux cas n'a rien à voir avec le fait d'être attiré(e) sexuellement par les hommes (ou les femmes). On peut parfaitement se sentir femme et sexuellement préférer les femmes, ou se sentir homme et sexuellement préférer les hommes. Toutes les combinaisons sont possibles, y compris les intermédiaires comme la bisexualité.

    Il y a autant d'homosexuel(le)s, de bisexuel(le)s, et d'hétérosexuel(le)s chez les travesti(e)s et transsexué(e)s que partout ailleurs. Le malentendu qui fait souvent croire aux gens que toutes les personnes travesti(e)s et/ou transsexué(e)s sont homosexuelles, est le fait qu'il existe aussi les 'drag queens', qui sont des hommes clairement homosexuels aimant jouer à la femme de temps à autre en se travestissant. A la différence d'avec les travesti(e)s et les transsexué(e)s, ces personnes n'ont aucun doute sur leur identité bien masculine et utilisent le travestissement plutôt comme un déguisement. Ce n'est donc pas parce que les apparences se ressemblent que les personnes ont des identités et des orientations sexuelles comparables.


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  •  

    J'aime les personnes du sexe opposé. Je ne peux donc pas être transsexué(e) ?

     

    Si, vous pouvez !

     

    Votre identification à un genre 'homme' ou 'femme' n'a rien à voir avec votre orientation sexuelle. 

    Il y a des transsexué(e)s qui préfèrent les hommes, des transsexué(e)s qui préfèrent les femmes, 

    ou d'autres qui sont attiré(e)s par les deux.

     


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  • M'habiller m'excite sexuellement, suis-je anormal(e) ? Alors, suis-je TV ou TS ?

     

    Il n'y a aucune honte à être sexuellement excité(e) en s'habillant, il n'y a pas de mal à se faire du bien. Cela peut être considéré comme anormal dans le sens où la majorité des gens (la soi-disant 'norme') ne le fait pas. Mais où est le problème à faire quelque chose d'original, qui sort de la norme, et à y prendre du plaisir ?

    La 'normalité' est un affreux concept : quand une majorité de personnes agissent de la même manière, ou partagent une même idée, elles décrètent que cette façon d'agir ou de penser est la norme. Alors, les personnes qui agissent ou pensent différemment sont dites anormales et se sentent coupables à cause de cela. Il s'agit en fait d'une répression totalement injustifiable.

    Si vous habiller vous fait du bien et/ou vous excite, c'est là seule chose qui compte. Vous ne faites de mal à personne en vous habillant. Au diable les normes et les conventions, soyez vous-même !

    Pour ce qui est d'être TV (travesti(e)) ou TS (transsexué(e)) :

    C'est une question complexe, mais, en somme, peu importante. Lisez le chapitre ' 'Suis-je travesti(e) ou transsexué(e) ?' ci-dessous.

    Etre excité(e) en s'habillant ne signifie pas qu'on est purement TV et pas TS. Les transsexué(e)s ont une sexualité, comme tout le monde, et beaucoup de TS sont très excitées en s'habillant, surtout les premières fois.

    La vraie question est en fait de savoir de quoi on a besoin pour être bien dans sa peau. Certaines personnes s'habillent juste par fantasme, d'autres le font (occasionnellement ou au quotidien) pour se sentir bien et trouver un équilibre entre leurs cotés féminin et masculin, d'autres enfin en viennent au traitement hormonal ou à la chirurgie, mais cela n'est pas un passage obligé quand on est TS : ce n'est pas le cheminement que l'on suit qui fait qu'on est travesti(e) ou transsexué(e), mais l'identité qu'on se sent.


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  • Suis-je travesti(e) ou transsexué(e) ? 

     

    Les gens aiment bien s'attacher à des étiquettes car c'est rassurant. 

    Il n'y a pas de mal à cela, mais gardons à l'esprit qu'il ne s'agit là que d'étiquettes, qui simplifient beaucoup trop la réalité de la vie. Considérez ces étiquettes comme une aide très approximative, et surtout pas comme une vérité absolue.

     

    'Travesti(e)' et 'transsexué(e)' sont deux étiquettes qu'on peut définir ainsi :

     

    Travesti(e) (TV): Personne qui vit en général bien dans son identité et dans le rôle social qui lui est associé, mais qui, occasionnellement, adopte les codes vestimentaires du sexe 'opposé', souvent par fantasme.

     Essentiellement, le travesti, de sexe mâle, aime jouer à la femme (et la travestie, de sexe femelle, à l'homme) et ne cherche pas a modifier son corps afin de le mettre en accord avec son esprit.

    Transsexué(e), transsexuel(le) (TS): Personne qui a le sentiment profond d'appartenir à 'l'autre' sexe et d'être emprisonnée dans un corps qui n'est pas le sien. 

    Les personnes transsexuées (le terme 'transsexuel(le)' est en fait erroné ) souffrent d'un écart entre leur corps et leur esprit (écart qu'on appelle la 'dysphorie du genre', de l'anglais 'gender dysphoria'). 

    Pour elles, le travestissement n'est pas juste un jeu, mais un moyen de réduire cet écart. 

    Le traitement hormonal et la chirurgie sont d'autres moyens plus radicaux, bien que non obligatoires pour être bien dans sa peau, de réduire cet écart. 

    Essentiellement, la transsexuée, de sexe mâle, est bien une femme (dans un corps mâle, mais pas moins femme pour autant), et elle cherche à modifier son corps afin de le mettre en accord avec son esprit (l'analogue vaut pour le transsexué, de sexe femelle).

    Cela dit, il existe une infinité de graduations et variantes entre ces deux 'cas types', et la frontière entre travesti(e)s et transsexué(e)s n'est pas franchement nette :

    Beaucoup de personnes se sentent 'parfois comme ci parfois comme ça' et oscillent entre le côté travesti et le côté transsexué selon leur sentiment du jour et les événements. Beaucoup de personnes se croient aussi d'abord travesti(e)s pour découvrir tôt ou tard qu'en réalité elles sont transsexué(e)s (ce cas est très fréquent d'après nos expériences).

    Les transsexué(e)s ont, comme tout le monde, une sexualité, et peuvent trouver une excitation sexuelle dans le travestissement (surtout au début, quand c'est tout nouveau). 

    Ce qui ne change rien au fait qu'elles souffrent néanmoins de leur dysphorie du genre.

    Beaucoup de transsexué(e)s mal dans leur peau se voilent la face pendant des années en se disant "puisque me travestir m'excite, c'est du pur travestisme, et je peux/dois m'arrêter".

     Mais tôt ou tard, ces personnes se rendent compte de leur véritable identité (ce qui peut d'ailleurs être très douloureux).

    On ne se travestit jamais par hasard, juste par pure envie de jeu et de fantasme : l'excitation tirée du jeu du travestisme est aussi due, en partie, à la satisfaction d'exprimer une facette bien réelle de sa personnalité que l'on dissimule le reste du temps par respect des conventions sociales.

     Le mécanisme psychique derrière ce jeu peut ressembler beaucoup à ce que vivent les transsexué(e)s, même si on se sent bien dans son identité.

     

    En conclusion :

    Chercher à s'accrocher à une étiquette 'travesti(e)' ou 'transsexué(e)' ne mène à rien, et vouloir à tout prix rentrer dans un moule est même dangereux. 

    Ces étiquettes ne sont que des béquilles, pas des paroles d'évangile, et en fin de compte, c'est votre vie qui compte, pas l'étiquette que vous vous collez (ou qu'on essaie de vous coller).

    Rien n'est interdit, rien n'est obligatoire, mais tout est permis, depuis le travesti 'fétichiste', qui s'habille 'sexy' une fois tous les quelques mois par pur fantasme, jusqu'à la transsexuée sous traitement hormonal, opérée et mariée. 

    Vous pouvez vivre dans le rôle de 'l'autre sexe' à temps partiel ou à temps plein, vous pouvez le faire avec ou sans hormones, et la chirurgie ou le changement de votre état civil ne sont pas des étapes obligatoires pour être bien dans votre peau.

    Il faut trouver votre propre voie, pas celle dictée par un psychiatre, un chirurgien, un juriste, ni même par d'autres travesti(e)s ou d'autres transsexué(e)s. 

    Trouver son équilibre est une démarche personnelle et personne ne pourra la faire à votre place.

    ____


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  • Pourquoi suis-je comme ça, suis-je malade ou pervers(e) ? Dois-je me faire soigner ?

     

    Non ! On est comme on est, c'est tout, et il n'y a rien de malade ou de pervers à appartenir à une minorité. Il n'y a rien à soigner.

    Malgré ce que peuvent prétendre à ce sujet certains experts autoproclamés, la transidentité n'est pas une maladie, ni mentale ni autre.

    On ne peut pas la soigner dans sa tête pour devenir 'normal(e)'.

    Elle n'empêche pas, si on l'assume, de tenir des raisonnements cohérents, de mener une vie parfaitement équilibrée, et de trouver le bonheur.

    Les transsexué(e)s sont une minorité, au même titre que les gauchers. Et comme tout ce qui est minoritaire, elle remet en cause une norme établie, fait peur et est perçue comme quelque chose de négatif qu'il faut éliminer (soigner).

     

    Evidemment, certains aspects de la transidentité ne sont souvent pas amusants à vivre :

    Le rejet de son corps peut être bien réel et cela peut, dans certains cas, se résoudre partiellement par un traitement hormonal ou la chirurgie. Il s'agit bien de soins, mais purement médicaux/cosmétiques, en aucun cas psychiatriques.

    Souvent, les normes établies, les préjugés, la honte et la culpabilité qu'elles entraînent, provoquent chez les personnes transsexuées des problèmes d'ordre psychologique. Il faut soigner ces problèmes, s'ils existent, en se faisant aider au besoin par des professionnels (psychiatres), et surtout en prenant sa vie en main, en sortant du 'placard' pour s'assumer complètement. On ne soigne pas la transidentité, mais on peut soigner ses conséquences, dans les cas où elles existent.

     

    Et pour ce qui est de la perversion :

    Est habituellement appelée perverse toute personne qui adopte une pratique sexuelle peu commune ou considérée 'contre nature'. Une fois de plus, ce qui est peu commun fait peur et est moralement condamné par la société humaine. Or, nous pensons qu'en matière sexuelle, il n'existe pas de bien ni de mal, et aucune valorisation 'contre nature' (nous faisons tous et toutes partie de la nature après tout, pour le meilleur et pour le pire), mais simplement des façons de vivre différentes qui ont toutes leurs raisons d'être. La notion de 'perversion', dans sa signification morale, est donc en fait totalement absurde. D'ailleurs, en psychanalyse, on utilise ce terme dans son sens latin originel : 'perversion' signifie 'détournement' ou 'déviation', sans valeur morale positive ni négative (le terme 'paraphilie', bien plus précis et moins péjoratif, a d'ailleurs remplacé celui de 'perversion' dans les sciences psy). Bien entendu, cela ne signifie pas que tout acte sexuel est automatiquement moralement acceptable et justifiable, même s'il ne respecte pas les droits d'autres personnes, mais il s'agit là d'un débat qui n'a rien à voir avec notre sujet : nous essayons ici de vous aider à comprendre la transidentité, pas de construire une philosophie libertine.

    Les transsexué(e)s, bien qu'ayant évidemment une vie sexuelle, se travestissent essentiellement pour vivre en harmonie au quotidien avec eux/elles-mêmes. Il ne s'agit pas d'une pratique sexuelle, et donc encore moins d'une perversion. Et même si vous êtes travesti(e) fétichiste et que vous vous travestissez au but exclusif d'excitation ou de satisfaction sexuelle, vous n'êtes pas plus 'pervers(e)' que n'importe qui d'autre : c'est tout simplement votre façon personnelle de vivre, et personne n'a de leçons à vous donner là-dessus.

    Etre transsexué(e) ou simplement se travestir, si on le vit bien, n'est ni un choix, ni une maladie, ni une perversion, ni quelque chose de condamnable. C'est un état de fait, qui, bien que minoritaire dans la société humaine, a tout à fait le droit d'exister, et ne nuit à personne.

    Les vrais malades, qu'il faudrait soigner, ce sont ceux qui refusent aux transsexué(e)s et travesti(e)s le droit d'exister, de s'exprimer et d'être eux/elles-mêmes. Ce n'est pas l'existence de minorités qui détruit la société, mais l'intolérance envers elles.

     


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