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Un peu d'histoire
Samedi 21 Janvier 2017 à 20:24 zephylyne
Un peu d'histoire
En France, c’est Jean-Marc Alby en 1956 qui introduit le terme de transsexualisme en faisant sa thèse de médecine sur le thème:Contribution à l’étude du transsexualisme.
À la même époque Lacan reprend le cas du Président Schreber et réfute l’analyse faite par Freud en assimilant le délire de Schreber à une psychose.
À la fin des années 50 George Burou, plasticien français, met au point une technique chirurgicale d’inversion pénienne et opère de nombreux transsexuels à Casablanca, l’intervention étant illégale en France et passible de l’article 316 du code pénal punissant le crime de castration.
En 1970, un rapport de médecine légale, « problèmes médico-légaux et déontologiques de l’hermaphrodisme et du transsexualisme » va influer sur l’attitude du Conseil de l’ordre des médecins et sur celle des magistrats.
En 1979 Pierre Banzet, chirurgien de l’Assistance publique, pratique une réassignation sexuelle sur un patient qui avait fait plusieurs tentatives d’automutilation.
À partir de ce moment une équipe pluridisciplinaire se constitue à Paris pour prendre en charge les personnes qui demandent un changement de sexe. Constituée d’un psychiatre, d’un endocrinologue et d’un chirurgien elles examinent la demande des patients et déterminent les cas où l’intervention de réassignation est justifiée.
Le conseil de l’ordre préconise la rédaction d’un protocole signé par trois médecins experts : psychiatre, endocrinologue,
chirurgien, qui doivent examiner les patients susceptibles de bénéficier d’un traitement hormono-chirurgical.
La première équipe est constituée par le psychiatre JacquesBreton, l’endocrinologue Jean-Pierre Luthon et le chirurgien Pierre Banzet. Les patients sont examinés selon un protocole sévère d’une durée de 2 ans minimum, afin de déterminer si le traitement hormono-chirurgical de réassignation sexuelle se justifie.
Ce protocole va donner une place importante aux psychiatres et psychologues chargés de l’évaluation de la demande des personnes transsexuelles, et les équipes qui prennent en charge les personnes souhaitant avoir recours à une modification de leur anatomie dans le but de changer leur sexe physique, se constituent autour de la psychiatrie.
Des psychiatres reconnus par leur appartenance à des équipes référentes, évaluent la demande des personnes par le biais d’entretiens visant à définir si elles sont bien transsexuelles en vérifiant, entre autres, l’antériorité du symptôme à l’aide d’entretiens réalisés auprès des membres de la famille, de tests pratiqués par des psychologues dans le
but d’écarter toute pathologie associée afin de vérifier que le patient n’est pas délirant.
Ces protocoles abordés sous l’angle de la psychiatrie sont aussi fortement imprégnés des différents points de vue psychanalytiques. Différents ouvrages émanant de psychiatres et psychanalystes tels que Colette Chiland, Patricia Mercader, Henri Frignet remettent en cause la solution hormono-chirurgicale comme unique traitement au transsexualisme.
Le transsexualisme est alors classé comme trouble psychotique ou état limite.
Les protocoles d’évaluation et le rôle du psychiatre seront décriés par les personnes transsexuelles qui, pour une grande majorité, iront faire pratiquer leur intervention de réassignation sexuelle à l’étranger
En 2010 la Haute autorité de santé (HAS) publie un rapport qui sera très controversé par les associations de personnes transsexuelles, en recommandant la création de centres de références, selon le modèle déjà existant et proposé par la SoFETC, association créée en juillet 2010 par les équipes françaises qui prennent en charge les personnes transsexuelles
à cette époque. La plupart des usagers et les associations d’auto-support mettent en avant le non-fondé des protocoles d’évaluation de leur demande, et la rigidité de la prise en charge proposée qui ne respectent ni leur dignité ni leur libre arbitre.
Une étude est donc reconduite par l’inspection générale des affaires sociales (IGAS) dans le but de mieux comprendre les attentes des personnes concernées, usagers et personnel,médical et soignant. Un rapportpublié en 2011 préconisera que les centres de référence concernant la prise en charge des personnes transsexuelles se construisent autour de la
chirurgie et non de la psychiatrie.
Ainsi, en France, si le transsexualisme reste toujours sous le regard de la psychiatrie, les
conditions de prise en charge médicale tendent à s’assouplir. En février 2010, la ministre de la santé Roselyne Bachelot a modifié en partie cette vision en retirant des critères d’admission au remboursement des frais médicaux «les troubles précoces de l’identité degenre» qui relevaient auparavant d’une affection psychiatrique de longue durée (ALD 23). Ils
ont été placés en affection hors liste (ALD 31) c’est-à-dire qualifiés de maladie rare et non plus de maladie psychiatrique.
À ce jour le GRETIS à Lyon propose un protocolede prise en charge qui, s’il s’inspire toujours du protocole mis en place à la fin des années 1970, s’est considérablement assoupli quant à l’évaluation psychiatrique. L’accent est mis sur l’information du patient et le lieu de référence se situe dans le service d’urologie de l’hôpital Henri Gabrielle à Lyon.
Parallèlement se crée le 26 septembre 2010 l’association RESPECTrans, association
multidisciplinaire de professionnels médicaux, paramédicaux, juridiques et sociaux. Cette association a pour but de réunir en réseau les praticiens libéraux qui prennent en charge les personnes transsexuelles, dans le but de coordonner les soins et les acteurs de ces soins, afin d’améliorer la qualité de la prise en charge médical
e et sociale des personnes transsexuelles. Cette association s’organise actuellement afin de travailler en collaboration
avec les équipes hospitalières.
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