Le travestisme désigne le besoin de porter les vêtements de l’autre sexe.
On l’appelle aussi cross-dressing(«habillement croisé»). «La fréquence ou la durée du travestissement peuvent varier fortement d’un individu à un autre.»
Il ne s’agit pas de «dysphorie de genre» au sens strict : l’identité de genre correspond, en d’autres termes, au sexe biologique.
D’une manière générale, on distingue deux motifs de travestissement : «Si l’accent
réside dans les aspects érotiques et sexuels du travestissement, on parle de travestissement fétichiste. (...)
Dans ce cas, il n’est pas vraiment question d’un ressenti problématique de l’identité sexuelle mais plutôt de sexualité.
Si le travestissement va de pair avec un sentiment de masculinité ou de féminité, il est considéré
comme une question d’identité de genre.»
La proportion de travestis masculins dès l’âge de vingt ans est estimée à 1 à 5% de la population.
Ces hommes sont généralement hétérosexuels et beaucoup ont une partenaire et/ou des enfants.
Mustola a également constaté, en Finlande, que la majorité des travestis étaient des hommes se considérant comme hétérosexuels, et que seule une petite partie s’identifiaient en tant que bisexuels.
Je suis un travesti à plein temps : je m’habille tous les jours en femme et je vis pratiquement toute la journée en femme. Je m’habille chic et classique. Pour moi, cela n’a rien à voir avec le sexe. Je me sens une femme à l’intérieur et à l’extérieur et cela me rend heureux. Je n’ose pas vraiment me manifester à l’extérieur et je trouve dommage que nous soyons si mal acceptés. L’éternelle question rhétorique : ‘A qui faisons-nous du mal et pourquoi un homme ne peut-il pas se travestir ?’ Les femmes portent aussi des vêtements d’hommes, non ? Je me sentirais mieux si je pouvais me présenter au monde extérieur comme travesti ou ‘en femme’.»
Source : TransSurvey, 2008
Il convient de distinguer le travestissement du phénomène des drag queens et drag kings (ou
male impersonators) des milieux homos et queers, bien que les deux aient le
cross-dressing en dénominateur commun.
L’objectif des dragshomos et lesbiennes est de jouer avec les codes de genre et de créer une marge d’ironie au sein de ces codes.
Chez les travestis, en revanche, les codes de genre n’ont aucune connotation humoristique : les hommes qui se travestissent sont mus par un besoin intérieur et sont sincères dans leurs
tentatives de s’identifier occasionnellement en tant que femme. Le travestissement peut se retrouver chez les femmes comme chez les hommes. Mais comme notre culture estime acceptables les vêtements masculins ou un style masculin chez les femmes, les femmes travesties demeurent relativement invisibles.
Cela se traduit même par l’absence des femmes dans la catégorie DSM du travestisme.
Le travestissement fut le premier (et longtemps le seul) terme repris dans le DSM : le DSM I (1952) et le DSM II
(1968) ne parlent que de travestisme. Dès la fin des années 1980, l’APA modifie le terme en «
Travestissement fétichiste» (1987). Le DSM IV-TR (2000) comprend également le diagnostic «
Fétichisme de transvestic» (302.3) sous la section «Troubles sexuels et de l’identité sexuelle
», ainsi que la sous-section «Paraphilies».
Cette étiquette diagnostique du DSM a fait l’objet de nombreuses critiques, notamment des
GID Reform Advocates
D’une part, le titre de cette catégorie sous-entend que le travestissement relève toujours du fétichisme, ce qui lui confère une connotation sexuelle, alors que le cross-dressing chez les hommes est souvent aussi une expression sociale d’une identité vécue dans leur for intérieur sans qu’il soit question de sexualité. Par ailleurs, la définition du DSM IV-TR limite le diagnostic aux hommes hétérosexuels. Les femmes et les homosexuels masculins, quant à eux, peuvent porter ce qu’ils veulent sans se voir coller l’étiquette d’un trouble mental. Le
critère est donc plus strict pour les hommes hétéros que pour les femmes ou les hommes homos, en plus de nier l’existence des travestis féminins. Il est toutefois curieux que le même comportement soit qualifié de pathologique pour un groupe et pas pour un autre.
La CIM (2007) mentionne le travestisme en tant que «Travestisme bivalent» (F64.1) dans la catégorie «Troubles mentaux et comportement» (F00-F99), sous-catégorie «Troubles de la personnalité et du comportement chez l’adulte» (F60-F69). On n’y retrouve aucune allusion au sexe ou à la nature sexuelle, de sorte que la définition est également ouverte aux homos et aux femmes. La CIM comporte également la sous-catégorie «Travestisme fétichiste» (F65.1) dans la catégorie «Troubles de la préférence sexuelle» (F65). La répartition entre «Travestisme bivalent» et « Travestisme fétichiste» est importante. Le premier relève de la catégorie «respectable» des «Troubles de l’identité sexuelle» (F64) ; le second est repris dans la catégorie «Troubles de la préférence sexuelle» (F65). De façon assez remarquable, dans la CIM, «l’appartenance à une sous-culture du travestissement» est placée parmi les symptômes du «phénomène du travestissement».
Dans ce contexte, les GID Reform Advocates arguent qu’un diagnostic psychiatrique basé sur une affiliation sociale, culturelle ou politique est scandaleux. Ils établissent une comparaison avec les suffragettes, qui exigèrent le droit de vote au début des années 1900 et furent ensuite qualifiées d’hystériques puis internées. Les groupes d’entraide pour les personnes transgenres sont également issus d’une préoccupation d’ordre social.
Ils constituent la première source de soutien, d’information et d’activisme civil à l’échelon mondial pour de nombreuses personnes de genre variant, ainsi que leurs familles, leurs amis et leur environnement. En d’autres termes, leur nécessité est une conséquence de l’intolérance sociale et non d’une lacune mentale.
Les GID Reform Advocates s’étonnent en outre que cela ne soit pas mentionné dans le diagnostic des troubles de l’identité de genre (gender identity disorder, GID) chez les adultes .
Enfin, la position du travestisme dans le DSM et la CIM-10, à savoir dans la liste des perversions sexuelles telles que la pédophilie, l’exhibitionnisme, le fétichisme, etc., est également contestée par les GID Reform Advocatescar cette classification corrobore des stéréotypes (erronés) et associe l’expression intergenre à un comportement criminel ou néfaste
source:igvm-iefh.