• Histoire de la chaussure

     

    L'histoire de la Chaussure remonte, on peut le dire, à la naissance de l'homme. Avant d'éprouver le désir de se couvrir, soit par pudeur, soit pour se défendre de la froidure, il eut besoin de se chausser pour protéger son pied du contact fort rude de la terre. Il l'enveloppa d'une peau de bête, il trouva la semelle faite d'écorce ou de bois avant d'avoir soupçonné même la possibilité des tissus ; on peut donc dire que la chaussure est née en même temps que nous.

    D'ailleurs les documents abondent à toutes les époques pour nous montrer l'antiquité de cette partie du vêtement ; nous voyons même des êtres de la mythologie grecque ou étrusque qui sont nus mais sont chaussés pourtant de la crépide, de la sandale aux lanières artistiquement enroulées autour de la jambe, tant pour retenir la semelle que pour décorer l'individu : c'est le début de la botte, élégante et pratique à la fois.

    Quelles variations la mode n'a-t-elle pas apportées successivement dans nos chaussures ; tout en lui conservant au fond son utilité, variations de forme et de couleur, de nom aussi, car la chaussure est à la fois si indispensable et si spéciale qu'on ne la peut déformer complètement.

    LA BOTTE ! souci particulier de nos élégants de toutes époques, elle a des formes gracieuses, on rapporte sur elle des anecdotes piquantes, elle a inspiré des vers, des contes, etc.

    Nous pourrions multiplier à l'infini les citations où il serait question de bottes, de souliers, de chaussures ; montrer avec surabondance la place capitale que le pied et sa parure tiennent dans la légende, dans l'histoire, la littérature, les proverbes, etc.

    Des poètes comme Villon n'ont-ils pas chanté la botte ? le pied ne fut-il pas longtemps le système de mesure, et la botte ne demeure-t-elle pas encore une expression courante de paquetage ? Nous nous modérerons, faute de place, et nous dirons simplement : il n'est pas indispensable de vivre sur un grand pied, mais en nous efforçant de vivre sur un pied raisonnable, en tâchant de trouver chaussure à notre pied, nous ne serons jamais des va-nu-pieds.

    Ne perdons pas notre temps, car il marche à grands pas, c'est un ogre aux bottes de sept lieues ; il nous emportera un jour au débotté.

    Gardons un souvenir attendri à notre enfance où l'on nous contait cette histoire du Petit Poucet avec celle du Chat botté, sans oublier Cendrillon à la pantoufle de vair, etc. Et tout cela, ainsi que bien d'autres choses d'ailleurs, tout bonnement à propos de bottes. 

    SANS vouloir remonter à la première chaussure, ni même étudier la façon dont les peuples de l'antiquité ont protégé leurs pieds contre la rudesse du terrain, nous nous contenterons d'aborder la très longue et très complexe période qui va de la conquête des Gaules à nos jours, c'est-à-dire depuis ce que l'on peut nommer la formation première de la France contemporaine.

    Les monuments, les miniatures, les manuscrits, les chroniques, nous disent clairement comment était cette partie fondamentale du vêtement, la base du costume ; et nous voyons naturellement que les Romains apportèrent aux Gaulois et aux Francs le campagus.

    Les églises de Chelles et de Délémont conservèrent des chaussures du VIIe siècle ; elles sont de cuir sombre ; le pied est pris dans une empeigne, le talon est retenu dans un haut quartier, muni de deux oreilles qui, à l'aide d'un cordon, doivent maintenir le pied chaussé.

    Deux siècles après, nous voyons les mêmes chaussures à quartiers plus hauts encore, et devenues des brodequins, des caliges. Caïus, l'empereur romain, était fier de sa chaussure, qui était faite de cuir pourpre, dont les courroies s'entrelaçaient autour de la jambe jusqu'à la cuisse, et cela lui valut le surnom de Caligula.

    Charlemagne devait porter aussi la même chaussure, car le moine de Saint-Gall, qui nous a conté sa vie, nous rapporte comment l'empereur à la barbe fleurie était chaussé : des bandelettes en plusieurs morceaux couvraient les jambes et par-dessus de longues courroies de cuir étaient croisées tant devant que derrière.

    Ce fut, à vrai dire, les premières tiges de bottes, car la jambe de la sorte, par ses lanières de cuir, était à la fois bien maintenue pour l'exercice et bien protégée contre les heurts.

    Dans une chasse à l'aurochs, que Charlemagne offrit à l'ambassadeur du roi de Perse, il donna à son hôte des courroies de ce genre, véritables bottes de chasse, pour lui défendre le mollet contre la corne redoutable du boeuf sauvage ; les chaussures elles-mêmes étaient des galoches, des galliculae à semelle de bois. La Gaule, on le voit, ne se croyait pas déshonorée pour avoir donné son nom à des chaussures.

    Lorsque en 1639, on ouvrit le tombeau du petit-fils de Charlemagne, on retrouva intacts ses souliers de cuir rouge à semelles de galoche.

    Pendant trois siècles la chaussure varia peu. Dans les appartements, les châteaux, les palais, on remplaçait le cuir par des étoffes, velours ou soie brillante, serrant bien le pied. La jambe maintenue donnait au corps une robustesse, une sécurité ; on était solide sur sa base.

    Les gens du peuple, ceux qui vivaient au dehors, avaient plus ordinairement des chaussures de cuir sombre, mieux appropriées à la boue des chemins ; on connaissait d'ailleurs le cirage pour l'entretien du cuir, et les guerriers portaient la jambière avec un soulier de fer, véritable botte silencieuse.

    Vers le début du XIe siècle, les raffinés, désoeuvrés, se mettent à lancer la mode des bouts pointus, déjà !

    Ce n'était rien de nouveau, car Cicéron raconte que Tertullien, en Afrique, blâmait fort cette mode très connue ; on nommait uncipèdes (pattes-croches) les premiers porteurs de cette chaussure de haute fantaisie.

    Paris s'engoua vite de cette étrangeté. Quand la reine Constance vint en 1006 pour devenir l'épouse du roi Robert, les Méridionaux qui l'accompagnaient étaient tous des uncipèdes, si l'on en croit Glaber, le chroniqueur qui blâme leur face rasée et leurs bottes de forme inconvenante.

    Orderic Vital, autre chroniqueur du temps, prétend que c'est le comte d'Anjou, Foulques le Hargneux, qui, pour cacher des cors dont il souffrait, se fit faire de vastes chaussures et les allongea démesurément pour en corriger la largeur. Comme il était riche et puissant, on l'imita pour lui plaire, il lança la mode ; les cordonniers durent bientôt, pour ne pas rendre le peuple jaloux, faire toutes les chaussures à cette forme : c'est la pigacia, ou pigace.

    C'étaient, disait-on, des queues de scorpion. Un page de Guillaume le Roux, nommé Robert, poussa l'excentricité jusqu'à bourrer ses pigaces avec du chanvre et à les tordre en forme de corne de mouton. On le surnomma Robert le Cornard, mais on l'imita.

    Et comme cette mode était ridicule et incommode, les femmes elles mêmes se mirent à l'adopter sous le règne de Louis le Hutin. Guibert de Nogent les blâme de leurs chaussures « de Cordoue à bouts tortillonnés ».

    Dans le logis, on portait une manière de pantoufle à quartiers bas, des escharpins ; nos escarpins actuels en dérivent, et voici que naît la HEUSE, la première botte en cuir mou pour les hommes.

    Avec la botte, la pigace disparaît, on reprend le bout arrondi. Sous Louis VII, la lanière et la courroie s'effacent devant la tige de cuir.

    Le dictionnaire de Jean de Garlande (milieu du XIIIe siècle) nous apprend que les chaussures à cette époque étaient :

    Les souliers à lacets, les souliers à boucles, les souliers à liripipe, les estivaux, les heuses, les chausses des femmes et des moines.

    Le lacet, c'est la courroie diminuée ; la boucle, qui devient fréquente à cause de sa commodité, est fabriquée par une confrérie de boucliers ayant le monopole de cet article ; on le fabrique en cuivre et en argent pour les seigneurs.

    La liripipe (leer-pip en flamand, tuyau de cuir) est le diminutif de la pigace ; on la défend, ainsi que le soulier à lacets, aux professeurs de l'Université de Paris, si l'on en croit une ordonnance de Robert de Courson, cardinal, en 1215.

    Les estivaux sont des bottes légères pour l'été, comme le nom l'indique. Le roi Jean, si nous consultons les comptes de son bottier Guillaume Loisel, usa, dans l'été de 1351, trois paires d'estivaux et vingt-quatre paires de souliers ; le dauphin reçut onze paires de bottines, le duc d'Orléans cinq, le comte d'Anjou cinq, le comte de Poitiers deux, et le duc de Touraine deux. Le prix en était de vingt à trente sols la paire, les souliers ne valaient que trois à cinq sols ; le jeune comte de Poitiers payait les siens trente-deux deniers.

    Les souliers étaient variés, si l'on en croit le " Roman de la Rose", de Guillaume de Lorris et Jean de Meung, " le Miroir de mariage ", d'Eustache Deschamps ; ils étaient noirs, blancs, rouges, souvent de couleurs différentes, fourrés, escoletés, escorchés, de cuir bouilli. de vache, etc.

    L'élégance était d’avoir un cuir fin moulant bien le pied. Les dames se retroussaient pour faire voir leurs jolies chaussures, le " Roman de la Rose" nous le dit en vers.

    Les élégants, on les nommait les damerets, portaient une seule botte fauve. François Villon, qui en parle, nous apprend qu'elles étaient de cuir souple, parfois nouées, pour les empêcher de glisser, avec une esguillette verte.

    Les comptes de Jean de Saumur, chaussurier du roi Charles VI, nous montrent qu'en 1387 le monarque usa vingt-et-une douzaines de bottes souples, pleines ou découpées, escorchées et noires ; la Reine avait eu aussi deux paires de bottes hautes, doublées de toile de Reims.

    Les hautes bottes - selon les comptes de Guillaume Brunel - étaient payées, par la Reine, seize sols.

    Les bottes à cresperons prenaient leur nom du bruit qu'elles faisaient à la marche, elles criaient ; on les réservait aux femmes et aux prêtres.

    On avait aussi des bottes fourrées pour les religieux obligés de passer la nuit en prières dans les églises, sans feu l'hiver.

    Les heuses étaient moins épaisses que les houseaux ; ceux-ci étaient des bottes d'usage, surtout pour le cheval ou la marche sur les routes ; nobles et paysans en portaient en cuir de vache et courtes pour les seconds, en cuir de Cordoue teint en rouge et autres pour les seigneurs.

    « Les heuses sont faites pour soy garder de la boue et de froidure quand on chemine par pays et pour soy garder de l'eau », dit l'article 12 du procès de Jeanne d'Arc à qui l'on fait un grief criminel d'avoir porté des houseaux.

    Les bottes étaient ajustées et difficiles à retirer ; nous ignorons s'il y avait déjà le tire-botte, mais nous savons qu'il y avait un valet chargé de les ôter ; la 24e nouvelle des « Cent Nouvelles Nouvelles », qui s'intitule « la Botte à demy », nous raconte l'histoire d'une villageoise qui, par ruse, tira à moitié les bottes d'un seigneur par trop entreprenant.

    Il y avait aussi des houseaux sans souliers, gaines de cuir cachant le genou et finissant au cou-de-pied ; François Villon, dans son « Petit Testament », les appelle des houseaux sans avant-pied.

    Le livre des métiers nous apprend que les artisans du cuir payaient la dîme en marchandises qui servaient à la confection des bottes royales.

    Moins épais que les bottes fourrées, on avait aussi des bas à semelles, ou chausses semelées, qu'on gardait parfois dans ses bottes, et François Villon, toujours, nous dit qu'il en a fait faire chez son « courdouennier » pour les gelées.

    En 1396, le roi Jean usa huit paires de bottes et une paire de courtes bottes.

    Quand on n'avait pas de bottes, on protégeait ses chausses avec des galoches ou semelles de bois appelées patins et socques par les statuts des chanoines d'Aix, en 1559, qui défendent l'entrée dans l'église avec des socques à cause du bruit que cela fait.

    La pantoufle, grâce aux patins, et l'escarpin sont alors à la mode.

    Littré nous cite aussi l'escafignon - large chaussure - sorte de pantoufle ; son nom, qui vient de scapha (barque) rappelle une plaisanterie populaire de nos jours : vis-à-vis de ceux qui ont de grands pieds, le peuple dit : « Il porte des bateaux, il a des péniches. »

    Les paysans appelaient leurs gros souliers à fortes semelles des bobelins ; toutes ces chaussures étaient à bouts pointus, non pas si longs que la pigace, mais déjà fort aigus, qu'on nommait à la poulaine.

    Le nom vient de Polonia (Pologne), ce qui fait penser que la mode arriva de ce pays ; les Anglais, d'ailleurs, quand ils prirent cette mode, nommaient les souliers des cracows, du nom de Cracovie, la capitale polonaise.

    Nous avons nombre de figures de poulaines : les unes avaient une semelle longue, effilée, qui fouettait le sol à chaque pas ; d'autres se recourbaient sous le pied en forme de griffe ; on pense que c'était uniquement la chaussure du cavalier, car on n'eût pu marcher avec cette gêne.

    Si l'on en croit Monstrelet, la poulaine atteignait 50 centimètres (1 quartier) et on devait attacher parfois le bout par une chaîne aux genoux.

    C'était déjà ridicule, mais les fashionables du XIVe siècle voulurent mieux, ils firent des poulaines de couleurs différentes et différente chacune de la jambe du maillot qui, elle-même, changeait de ton.

    La poulaine dura plus de cent ans ; en vain le clergé fulmina, accusa la poulaine de vanité, le pape Urbain V et le roi Charles V crièrent au scandale ; l'anathème du souverain pontife, l’ordonnance du roi (octobre 1368) interdisant, sous peine grave, de porter ou de fabriquer la poulaine, se brisèrent contre la mode.

    La masse portait toujours le soulier ou la botte à bouts pointus mais raisonnables et de cuir pareil pour les deux pieds.

    II faut attendre 1470 pour voir la poulaine disparaître. Dans ses « Arrest d'Amour », Martial de Paris nous rapporte à l'article 42, interdiction des cordonniers. Mais si on laissa l'étrange chaussure, on la regretta plus de cent ans encore, et Noël du Feil, dans ses « Propos rustiques », dit que le temps des poulaines était celui où tout était pour le mieux, c'était le bon temps.

    Louis XI porta des chausses courtes et carrées, tout l'opposé des autres, et l'exagération suivit la voie inverse ; on élargit les bouts au point de faire des souliers de vraies pelles. On peut le voir sur les portraits de Charles VIII, de Louis XII, des Valois.

    Guillaume Paradin, dans son « Histoire de Lyon », rit de ses souliers à bec de canne, dont parfois la largeur excédait au bout la mesure d'un bon pied.

    « C'est, dit Leber, de cette chaussure que vient le proverbe : Vivre sur un large pied. »

    Rabelais nous a suffisamment renseignés sur les chaussures que l'on porta pendant les règnes de Charles VIII, de Louis XII et de François Ier ; elles étaient courtes, à bouts arrondis, épatés, énormes, agrémentés de crevés, comme le reste du costume, à travers lesquels apparaissait la doublure ou le tissu des chausses.

    Elles étaient en mouton, en veau, et surtout en étoffe. Souvent brodées, garnies de bouffettes et même ornées de pierreries, il y en avait, comme pour les religieux de Thélème, en velours cramoisi.

    Une vieille poésie, « Le Pourpoint fermant à boutons », chante ces chaussures :

    .....A gros museau

    Pertuysées et déchiquetées en créneaux de vieilles murailles.....

     

    Henri IV vit le soulier à cric ou pont-levis, ainsi appelé à cause de l'espace compris entre la semelle et le talon très haut.

    Le nom de cric venait de leur bruit, si l'on en croit le roman d'Agrippa d'Aubigné : « Le Baron de Fenestre. »

    Sous Charles IX, la mode voulait que le soulier variât avec l'habit. Le roi, en 1572, acheta à quarante sous la paire, d'après les comptes de ses dépenses, dix paires de souliers en maroquin blanc, six paires de couleurs : gris, noirs, bleus, verts et rouges.

    On ne mettait pas la même couleur aux deux pieds, et déjà une mode stupide voulait que la chaussure fût trop petite pour la personne.

    Arthus d'Embrun nous raconte comment on se chaussait : « puisque le contenant est plus petit que le contenu, il faut frapper du pied, taper sur le bout. On les fixe, ajoute-t-il, avec de grands liens, en sorte qu'ils semblent une rose ; c'était, à vrai dire, des lacets. »

    Henri IV imagina les longues bottes molles en cuir de Russie ; on disait « roussie », et on écrivait « roussi ».

    Le discours nouveau sur la mode exige qu'on porte cette botte pour être au goût du jour.

    Ces bottes étaient connues depuis longtemps, mais on se mit à en abuser, on les porta dans les appartements, jusqu'au bal. Elles allaient aussi haut que possible et collaient la cuisse exactement.

    Tallemant des Réaux nous rapporte que pour pouvoir enfiler les siennes, le marquis de Nolay devait rester les pieds dans l'eau plus d'une heure.

    Cette mode de vivre botté a été pittoresquement rapportée par une lettre d'un noble espagnol venu à Paris et qui écrivit à son roi :

    « Paris bientôt va être vide, tout le monde va partir, car ils sont tous bottés. »

    Les cavaliers ajoutaient à la botte une sorte de socque retenue par des soulettes ou sous-pieds que dissimulait une pièce de cuir nommée surpieds.

    Les galoches protégeaient de la boue.

    Le discours nouveau sur la mode nous parle aussi des souliers des dames qui sont à pont :

    « Qui aient aux deux cotés une longue ouverture, pour montrer le bas avec des cordons de soie pliés en nœuds d'amour. »

    Scarron se moque d'elles fortement.

    La mode des hauts talons remplaça celle des hennins élevés, on les nomma des patins. Brantôme affirme qu'il y en eut de un pied de haut (33 centimètres).

    La petite Gabrielle d'Estrées en avait de luxueuses, de couleurs variées, en velours incarnadin brodé d'or, six paires de velours vert, huit paires de diverses couleurs.

    Quand on posait le patin, on usait de semelles superposées. Ces semelles d'abord servirent contre le froid, car en 1545, des crieurs vendaient dans les rues « semelles contre froid à bouter dans les bottes.

    Dans « Gargantua » Rabelais parle des semelles de bottes, et Coquillard, en 1480, cite des femmes qui, pour se grandir, usent de vingt-quatre semelles.

    En 1633, dans les « Intrigues des domestiques », on lit qu'une dame, pour avoir une belle taille, mettait un pied et demi de liège dans sa chaussure.

    Louis XIII eut sa première paire de souliers à huit mois ; son cordonnier, le nommé Champagne, lui en prit mesure le 2 juin 1602.

    Jusqu'en 1789, on conserva au Val-de-Grâce la première chaussure de chacun des fils ou dames de France. La Révolution éparpilla ce précieux musée.

    Louis XIII, grand chasseur, fut grand amateur de bottes ; sous son règne elles furent à entonnoir ; elles n'arrivaient qu'au milieu de la jambe.

    Les élégants garnissaient l'entonnoir de dentelles ; le surpied prit des proportions folles, couvrant non seulement le cou-de-pied mais la moitié de l'empeigne.

    La minorité de Louis XIV vit s'accroître l'entonnoir et les dentelles ; cette parure s'appela le rond de bottes.

    La chaussure devint à bouts carrés et s'allongea presque comme une poulaine.

    A côté de la botte on eut le soulier de botte ou à la cavalière, maintenu au cou-de-pied par une bride fixée à une large boucle.

    En 1650, le bout se fit en forme de croissant ; en 1652, il devint pointu.

    Le talon était haut, si l'on en croit la lettre de Marigny au cardinal Montalto :

    « Je chausse des souliers pointus avec, sous le talon, un coussinet assez élevé pour prétendre au titre d'Altesse. »

    En 1672, le soulier redevient carré du bout, en 1673, il prend toutes les formes.

    La botte était formidable. Qu'on se souvienne de celle de nos postillons : l'entonnoir pouvait servir d'armoire. Louis XIV chaussa cette botte souvent, comme on le voit, dans les portraits de Van der Meulen.

    De cette époque date la coutume pour les gentilshommes reçus à la Cour de peindre en rouge leurs talons. Cela dura jusqu'à la Révolution.

    En 1663, Lestage, cordonnier de Bordeaux, présenta au roi une paire de bottes sans couture. Loret, dans sa gazette, rapporte ce chef-d’œuvre. Louis XIV nomma Lestage cordonnier ordinaire, et lui octroya des armoiries : « d'azur à une botte d'or posée en pal, surmontée d'une couronne fermée de même et accostée de deux fleurs de lys aussi d'or ».

    Quatre-vingt-quatre poésies, tant latines que françaises, parurent en un volume à la gloire de Lestage.

    En 1804, dit L. Prudhomme dans son « Miroir de Paris », Colman, au Palais-Royal, faisait des bottes sans couture. La paire valait six cents francs : « On ne les porte pas, on les met sous un globe. »

    Le matin, Louis XIV avait des souliers à boucle de diamant. Louis XV conserva les bouts carrés pendant quelques années; les talons restent fort hauts, reculés sous la cambrure.

    En 1726, le bout s'arrondit et le talon diminua.

    En 1730, vint la mode des bals blancs que le soulier blanc accompagna. « Ils étaient, dit le « Mercure de France », demi-arrondis à l'anglaise, gros talons recouverts de même étoffe. » On porte également la mule arrondie.

    Le surpied et le soulier long sont passés de mode.

    Louis XVI voit le haut talon revenir au point que la marche des femmes devient parfois impossible, elles ont besoin de se caler avec une haute canne.

    « Sans cet effort pour reporter le corps en arrière, la poupée serait tombée sur le nez » ! dit l'irrévérencieux comte de Vaublan dans ses Mémoires.

    La couleur des souliers en 1786 était puce ou cheveu de la Reine. Ils étaient luxueux à l'excès, brodés de diamant, c'était un écrin.

    « Ils sont étroits et longs, la raie de derrière est garnie d'émeraudes, on l'appelle le venez-voir », dit le marquis de Valfons dans ses « Souvenirs ».

    Le soulier d'homme avait une boucle d'argent, énorme, couvrant l'empeigne, blessant souvent le cou-de-pied.

    L'Angleterre, en 1779, nous envoya les bottes à revers. On les bouda d'abord, mais la Révolution devait bientôt, au contraire, les adopter.

    Le Directoire avec les Incroyables et les Merveilleuses apporta un instant l'excentrique mode des souliers à cothurnes dont les lacets, enroulés symétriquement sur la jambe découverte de la femme, rappelèrent singulièrement les chaussons du moyen âge, cependant que les hommes se plaisaient à l'élégante botte anglaise.

    La botte devenait du reste de plus en plus la chaussure générale, civile ou militaire, chaussure de tout homme ayant un rang dans la société.

    La foule agitée et fort débraillée - sans culottes et va-nu-pieds - avait seule conservé l'usage du soulier grossier et lourd.

    Sans vouloir cependant mépriser, loin de là, les régiments de la Moselle en sabots, courageux et victorieux.

    C'est à ce moment que commence, on peut le dire, un demi-siècle de triomphe pour la botte. Grande et robuste, ou petite et souple, de toutes formes, décorée ou simple, noire ou de couleurs, la botte est la chaussure générale - on la chante, on la fête :

    Ah ! il a des bottes... il a des bottes... Bastien.

    C'est la revanche populaire, signe de jalousie, donc d'envie, c'est l'expression du désir de porter des souliers à l'égard de l'homme élégamment botté.

    Bottes à la hussarde, à la prussienne, à l'écuyère, on invente des formes variées et des noms spéciaux.

    Les gendarmes, les gardes du corps ont des bottes spéciales dont l'avant-pied est séparé de la tige.

    La botte de la cavalerie légère a une tige de deux pièces, celle de devant porte les avant-pied cambrés.

    La botte à la prussienne va jusqu'au genou ; elle est modelée, c'est-à-dire qu'elle dessine la jambe, surtout au mollet.

    Les bottes à la cavalière sont faites de gros cuir, côté chair en dehors ; elles sont échancrées sous le genou.

    Les bottes à l'écuyère ont la tige réunie avec une jointure perdue.

    La botte des pages a une genouillère doublée de peau blanche ; elle est cousue en dedans à surjet.

    Les postillons ont des bottes fortes, énormes, cerclées de fer à l'intérieur, outre la double épaisseur de gros cuir noir, pour garer leurs jambes des heurts du timon, du brancard.

    Puis, ce sont des bottes de chasse, celles dont les genouillères sont à soufflets, munies de chaudrons, souvenir de la botte que portaient les Suivants du roi à l'armée.

    Voici l'Empire : la botte triomphe, la botte de Napoléon foule le monde, son talon écrase les résistances, frappe les sols conquis, s'incruste dans la neige glacée de la campagne de Russie.

    Murat a des bottes brodées d'or, à pompon, sur du velours bleu éblouissant ; tout le monde est botté, éperonné du matin au soir, - du soir au matin.

    Puis l'Empereur est exilé, la paix revient mais la botte reste.

    Elle s'assouplit, elle diminue de proportion, mais elle persiste.

    On la dissimule sous l'étoffe du pantalon, mais on la garde, on la gardera longtemps encore dans un usage journalier.

    Est-ce à dire qu'elle est aujourd'hui disparue, abolie ? - Non certes, - mais elle est mieux appropriée à l'usage réel qui lui convient, elle devient la chaussure spéciale, la chaussure noble, qui demande à celui qui la porte certaine allure, comme elle exige chez celui qui la fait une science approfondie et rare du cuir et de la fabrication.

     

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    Histoire sur les metiers de la chaussure

     

    LES BOTTIERS ET CORDONNIERS

    (D'après un texte paru en 1879)

     

    Les bottiers et les cordonniers appartenaient à la même corporation. Ils avaient le droit de faire et vendre des souliers, bottes, bottines, etc. L'histoire de la chaussure est presque aussi vieille que celle du monde, et pendant le cours des siècles les formes des souliers et des bottes ont, comme chacun le sait, varié à l'infini.

     

    Citons les chaussures à la poulaine, à pointes si longues qu'on les rattachait aux genoux ; les patins, les souliers à crevés, à bouffettes ornées de perles, de grains d'or et de touffes de rubans telles qu'on les porta sous Louis XIV et sous Louis XV ; les souliers à talons rouges réservés à la noblesse ; les souliers à boucles, etc.

     

    Les bottes, dont l'usage se généralisa lorsque l'armure fut abandonnée, prirent, elles aussi, les formes et les noms les plus divers : bottes à chaudron, à la houssarde, à l'anglaise, etc. Par suite de son usage de plus en plus répandu, la botte devint un des termes de comparaison les plus fréquents ; il suffit de mentionner les locutions : Haut comme ma botte ; A propos de bottes ; Y laisser ses bottes ; Mettre du foin dans ses bottes ; S'en soucier comme de ses vieilles bottes ; etc.

     

    A Venise, au seizième siècle, il y eut un ordre de la Botte, de même qu'il y a en Angleterre l'ordre du Bain. Chacun connaît l'usage que Bassompierre fit un jour de sa botte, en y buvant

    bottier-cordonnier du dix-septième siècle

    Un bottier-cordonnier du XVIIe siècle.

    Dessin de Sellier, d'après Abraham Bosse

    ce qu'on peut bien nommer cette fois le coup de l'étrier. L'absolutisme royal parut même un jour s'incarner dans une paire de bottes : ce fut en bottes de chasse et le fouet à la main que Louis XIV vint signifier ses volontés au Parlement de Paris. Le soulier eut toujours quelque chose de plus pacifique et de plus mondain.

     

    C'étaient de véritables chefs-d'oeuvre que les souliers qui étaient portés à la cour de France sous l'ancienne monarchie. Aussi vit-on Louis XIV honorer le mérite de la corporation des cordonniers dans la personne du sieur Lestage, établi à Bordeaux à l'enseigne du Loup botté, et qui fut à la fois un poète habile et un cordonnier renommé. Louis XIV le nomma cordonnier royal et lui donna des armes parlantes : d'azur à la botte d'or, couronnée de même, avec une fleur de lys de chaque côté.

     

    Ces chaussures si élégantes avaient pourtant certains défauts, elles étaient souvent peu commodes. Ce n'était pas sans raison, par exemple, qu'au XVIIIe siècle les chaussures de femmes inspiraient les réflexions suivantes : « Les divers mouvements des os du pied, qui donnent tant de facilité pour la marche et que l'on voit très libres dans l'état naturel, se perdent d'ordinaire par la mauvaise manière de chausser les pieds. La chaussure haute des femmes change tout à fait la conformation naturelle des os, rend leurs pieds cambrés, voûtés et incapables de s'aplatir : elle leur ôte la facilité de la marche ; elles ont de la peine à marcher longtemps, même par un chemin uni, surtout à marcher vite, étant obligées alors de se balancer à peu près comme les canards, ou de tenir les genoux plus ou moins pliés ou soulevés, pour ne pas heurter des talons de leur chaussure contre terre. Les souliers trop étroits ou trop courts, chaussures si fort à la mode chez les femmes, les blessant souvent, il arrive que, pour modérer la douleur elles se jettent les unes en devant, les autres en arrière, les unes sur un côté, les autres sur l'autre, ce qui non seulement préjudicie à leur taille et à la grâce de leur démarche, mais leur cause des cors qui ne guérissent jamais. »

     

    Les cordonniers formèrent de tout temps, par suite de l'utilité générale de leur profession, une corporation nombreuse et puissante. Elle comptait à Paris, vers la fin du dix-huitième siècle, plus de 1800 maîtres. Elle avait à sa tête un syndic, un doyen, et deux maîtres des maîtres ; elle était encore gouvernée par deux jurés de cuir tanné, appelés aussi jurés du marteau, deux jurés de la chambre, quatre jurés de la visitation royale, et douze petits jurés. Il y avait encore trois lotisseurs, trois gardes de la halle, et un clerc. Le syndic, qui était le chef suprême de la communauté, était élu annuellement et n'était qu'une seule fois rééligible. Les maîtres des maîtres et les jurés restaient deux ans en charge, mais ils étaient réélus par moitié chaque année. Ces élections avaient lieu le lendemain de la Saint-Louis dans la halle aux cuirs, et en présence du procureur du roi ou de son substitut. Les gardes de la halle, qui étaient qualifiés prud'hommes, étaient nommés à vie et étaient tenus de fournir un cautionnement.

     

    Les maîtres cordonniers jouissaient du droit d'étaler leur marchandise, le mercredi et le samedi, aux premiers des sept piliers des halles de la tonnellerie, à commencer par le premier qui était adjacent à la rue Saint-Honoré. Les fripiers leur ayant intenté un procès à ce sujet, le Parlement intervint, et, par un arrêt du 7 septembre 1671, maintint les cordonniers dans la possession de leur droit traditionnel, mais en ordonnant, avec beaucoup d'équité, qu'aucun maître tenant boutique à Paris ne pourrait vendre à la halle aucun ouvrage de son métier, et que seuls les pauvres maîtres non tenant boutique auraient le droit d'étalage, aux conditions néanmoins qu'ils seraient nommés par la communauté, que leurs noms y seraient enregistrés ; qu'à chaque pilier il y aurait deux pauvres maîtres ; qu'ils ne pourraient changer de place qu'une autre ne fût vacante par mort ou reprise de boutique ; qu'ils seraient sujets à la visite des jurés de leur communauté ainsi qu'aux amendes et peines communes aux autres maîtres, en cas de contravention aux statuts et règlements.

     

    Comme tous les statuts et règlements des diverses corporations, ceux des cordonniers étaient assez compliqués. Ils remontaient au temps de Charles VIII (1491), mais ils furent souvent depuis lors l'objet de notables modifications.

     

    Les cordonniers étaient placés « sous les confrairies des glorieux saint Crespin et saint Crespinien. » Pour être reçu à la maîtrise, il fallait avoir été apprenti chez les maîtres de la ville et avoir fait publiquement le chef-d'oeuvre, à l'exception des fils de maître qui n'étaient pas tenus à des obligations aussi strictes. Au sein de la corporation des cordonniers comme des autres corporations, il se forma peu à peu, par suite de cette disposition, une sorte d'aristocratie. Il en était ainsi non seulement à Paris, mais en province.

     

    Voici un extrait des statuts de la ville du Mans ; cet extrait indiquera suffisamment le privilège des fils de maîtres cordonniers : « Et au regard de la création de ceulx qui voudront estre maistres dudit mestier ; et ce fait feront leur rapport à justice de la suffisance ou insuffisance du dict compagnon qui aura besongné devant eulx ; et s'il est trouvé suffisant, il sera créé maistre, en paiant premièrement dix livres tournois et quatre livres de cire pour le droit de confrairie, et leur dîner, etc.

     

    « Quant à la création de la maistrise des enfans des maistres dudict mestiers, les fils d'iceux maistres nez et procédez en loyal mariage pourront estre passez maistres sans qu'ils soient tenus tailler leur chef-d'oeuvre devant les maistres jurez, et pourront iceulx enfans présenter leur chef-d'oeuvre en affirmant par serment qu'ils l'auront taillé d'eux-mesmes et sans fraude ; et ce faisant, sy ledit chef-d'oeuvre est trouvé suffisant par les maistres jurez, il sera receu ; et seront les dicts enfans de maistres créés maistres en paiant premièrement à la confrayrie quatre livres de cire, et aux maistres jurez chacun cinq sols tournois (au lieu de dix livres tournois) et leur disner seullement. »

     

    Le compagnon étranger qui épousait la veuve ou la fille d'un maître gagnait la franchise par cinq années de service et pouvait être admis à l'épreuve du chef-d'oeuvre. Chaque maître ne pouvait avoir plus d'une boutique dans la ville et les faubourgs, ni plus d'un apprenti à la fois.

    Intérieur d'un atelier de cordonnier au dix-huitième siècle

    Intérieur d'un atelier

    de cordonnier au XVIIIe siècle

    Cet apprenti devait rester chez son patron au moins quatre ans. Tous les maîtres, même les privilégiés, qui vendaient leurs ouvrages aux marchands des halles, étaient tenus de marquer des deux premières lettres de leur nom les souliers sur leur quartier en dedans, les bottes en dedans de la genouillère, et les mules sur la première semelle du talon.

     

    Les compagnons qui avaient contracté un engagement avec un maître ne pouvaient le quitter trois semaines avant les fêtes de Noël, Pâques, Pentecôte et la Toussaint, sans doute parce que ces époques étaient celles où les cordonniers, alors comme aujourd'hui, avaient le plus d'ouvrage ; pendant le cours de l'année, les compagnons devaient prévenir leurs maîtres huit jours à l'avance qu'ils désiraient les quitter. Un garçon qui quittait son maître pour s'établir ne pouvait prendre une boutique dans le quartier qu'il avait quitté.

     

    Telles étaient les principales clauses des statuts applicables à tous les cordonniers de la capitale, sauf à une compagnie religieuse de frères cordonniers qui était venue s'établir à Paris vers le milieu du dix-septième siècle, et qui, placée sous la protection spéciale du clergé, n'était pas astreinte aux visites des jurés.

     

    Rapportons l'anecdote relative au peintre grec Apelle qui, ayant profité des critiques d'un cordonnier au sujet de la manière dont les personnages de ses tableaux étaient chaussés, fit à ce cordonnier, qui s' enhardissait jusqu'à lui adresser des observations au sujet de sa peinture elle-même une réponse qui, traduite en latin, est devenu proverbiale : Ne saler ultra calceam (Cordonnier, pas au delà de la chaussure). Les cordonniers ne suivirent pas toujours ce conseil, et l'on n'a pas à le regretter. Fox, fondateur des quakers, commença par être cordonnier. Linné, l'illustre botaniste, fut apprenti cordonnier ; afin de pouvoir s'acheter des livres, il raccommodait les souliers de ses camarades de l'Université d'Upsal. Le célèbre érudit Balduin avait été cordonnier à Amiens. Jean-Baptiste Rousseau était le fils d'un cordonnier et fut lui-même apprenti cordonnier ; il eut la faiblesse de rougir de sa naissance et prit le nom de Verniettes, où ses adversaires trouvèrent l'anagramme Tu te renies.

     

    La communauté des cordonniers fournit même un souverain pontife à la catholicité ; ce fut Jean Pantaléon, qui, en 1261, fut élu pape sous le nom d'Urbain IV. On rapporte qu'en mémoire de son origine il décida que la chaire de l'église de Saint-Urbain à Troyes où il était né, fût, aux grande fêtes, parée d'un tapis représentant la boutique de son père avec tous ses instruments.

     

    Dans les diverses villes, les communautés de cordonniers avaient en général des armoiries ; c'étaient souvent des armes parlantes. A Douai, par exemple, ils portaient « d'azur à un compas de cordonnier d'or posé en pal dans un soulier aussi d'or. » Au Mans, « d'argent à une botte de sable. » A Grasse, « de gueules à un couteau à pied d'argent emmanché d'or posé à dextre, et un tranchet aussi d'argent emmanché d'or à sénestre, l'un et l'autre en pal. » Ailleurs, comme à Laval, les armoiries représentaient les patrons de la communauté, saint Crépin et saint Crépinien. Dans d'autres endroits, à Bapaume, par exemple, où elles étaient « de sinople à un chef écartelé d'or et de sable », ces armoiries n'avaient rien de particulier.

     

    Les communautés avaient aussi leurs sceaux : ils représentaient, en général, une botte, un soulier, un soulier la poulaine, etc. Le mot cordonnier s'écrivait autrefois cordouanier, de cordouan, qui signifiait, dans le vieux français, cuir de Cordoue, ville célèbre par ses tanneries. Les cordonniers eurent souvent des démêlés avec les savetiers, qui prétendaient former avec eux une seule et même corporation ; mais presque toujours les savetiers se virent déboutés de cette prétention, et la communauté des maîtres carreleurs-savetiers demeura distincte de celle des maîtres cordonniers.

     


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